Aspects génétiques des maladies parodontales

ParoSphère | Hérédité © Sergey Nivens.

La contribution de l’hérédité à l’apparition et à la sévérité des maladies parodontales a été reconnue dès les années 1960 sur la base de plusieurs observations. 

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Contribution de l’hérédité : quelles preuves ?

La première preuve est un risque plus élevé de développer une maladie parodontale lorsqu’un de ses parents ou l’un de ses frères et sœurs est atteint. Cette notion est appelée agrégation familiale, ce qui veut dire que certaines familles vont présenter plus souvent ou de façon plus sévère des maladies parodontales. Plusieurs équipes de recherche ont étudié des familles touchées par des formes sévères de maladie parodontale sur plusieurs générations. Ces formes sévères apparaissent souvent autour de l’adolescence. Ces travaux ont permis de mettre en évidence différents modes de transmission et d’identifier plusieurs gènes associés aux maladies parodontales.

D’autres études ont étudié les atteintes chez les jumeaux et ont comparé des vrais et faux jumeaux, ainsi que des vrais jumeaux n’ayant pas grandi ensemble. Les vrais jumeaux partagent le même patrimoine génétique puisque issus des mêmes ovocyte et spermatozoïde, contrairement aux faux jumeaux qui sont issus de deux spermatozoïdes différents. Ces études montrent que l’état de santé parodontal, bon ou mauvais, est très similaire chez les vrais jumeaux, qu’ils soient élevés dans le même environnement ou pas. Ce niveau de similitude est supérieur à celui de faux jumeaux.

Pour les formes les moins sévères et les plus répandues des maladies parodontales (parodontite chronique), la contribution génétique est généralement beaucoup plus fine et difficile à cerner. Pour ces formes, il semble que ce soit un ensemble de gènes, ou plus précisément une combinaison d’allèles qui augmente le risque chez un individu de développer une maladie parodontale. Nos gènes présentent des variants et cela permet à deux individus (qui présenteront les mêmes gènes mais pas les mêmes allèles) d’être différents. Lorsqu’un gène présente deux allèles courants dans une population, on parle de polymorphisme. Des études ont montré qu’au sein d’une population assez homogène, il est possible d’identifier des allèles associés à un risque élevé de développer une parodontite chronique. Ces études ont permis la mise au point de test de détection génétique à la fin des années 1990, mais la contribution de ces seuls allèles est aujourd’hui reconsidérée. En effet, il semble que seule une combinaison complexe de très nombreux polymorphismes puisse véritablement être un facteur de risque.


Comprendre la contribution de l’hérédité : quel intérêt ?

L’intérêt que nous avons à comprendre la contribution de la génétique aux maladies parodontales est multiple. En premier lieu, la génétique devient un formidable outil de prévention. Cela permettra d’identifier les individus qui sont à risque de développer une parodontite avant qu’ils présentent une maladie et donc d’essayer de prévenir son apparition par des contrôles réguliers ou une attention particulière à l’hygiène bucco-dentaire. Ensuite, chez les patients atteints, les tests génétiques pourront aider à déterminer le pronostic des dents restantes et orienter le choix sur tel ou tel traitement. Enfin, l’identification éventuelle de gènes associés aux parodontites pourra aider à la compréhension de ces maladies et ainsi à la mise en point de nouveaux traitements biologiques.


Références bibliographiques

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