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La première phase du traitement parodontal

La première phase du traitement parodontal - © Copyright ParoSphère

Le traitement parodontal comprend trois phases successives. La première est la phase étiologique. Après une séance de réévaluation, et lorsque la phase étiologique n'a pas mené à une stabilisation pérenne de la parodontite, la phase chirurgicale peut être envisagée. Lorsque la parodontite est considérée comme stabilisée, la phase de maintenance commence.


La phase étiologique sert à traiter la cause de la parodontite. Il s'agit de diminuer la charge bactérienne autour des dents et de contrôler les facteurs de risque influençant la progression de la parodontite.


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Gestion de la charge bactérienne

Moyens personnels

Les moyens personnels sont ceux qui sont mis en œuvre en dehors du cabinet dentaire. Ils doivent permettre de désorganiser la plaque dentaire sur toutes les faces des dents. Il s'agit d'être efficace sur les faces vestibulaires (externes, n°1 sur la photographie), les faces linguales et palatines (internes, n°2), les faces proximales (entre les dents, n°3) et les faces occlusales (celles qui croquent). Néanmoins, ces moyens, indispensables, ne permettent pas d'assainir l'espace créé par la parodontite entre la gencive et la dent (n°4).

 

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Moyens mécaniques

 

La brosse à dents, le fil dentaire, les bâtonnets interdentaires, les brossettes interdentaires ou encore l'hydropulseur font partie des moyens personnels mécaniques permettant de désorganiser la plaque dentaire.

Le choix de la brosse à dents, qu'elle soit manuelle ou électrique, doit privilégier une petite tête et des poils souples plantés droits. Les adjonctions de tiges ou lamelles de caoutchouc n'ont jamais apporté la preuve d'une meilleure efficacité. Enfin, il est important de souligner que brosses à dents manuelle et électrique s'utilisent différemment. Une attention particulière doit donc être portée à la technique de brossage.


Pour nettoyer entre les dents, il faudra investir dans un fil dentaire, des bâtonnets interdentaires ou des brossettes interdentaires. Le choix se fera en fonction de la taille des espaces interdentaires.

L'hydropulseur, quant à lui, paraît moins efficace que les autres moyens interdentaires cités ci-dessus.

Chez une personne atteinte d'une parodontite, un brossage efficace est recommandé deux à trois fois par jour. 

 

Moyens chimiques

 

Antibiotiques et antiseptiques font partie des moyens chimiques capables de venir à bout de la plaque dentaire.

Les antibiotiques, s'ils sont sans aucun doute efficaces pour diminuer la charge bactérienne en bouche, ne peuvent se présenter comme une alternative aux moyens mécaniques, car, pour bien faire, il faudrait les utiliser toute la vie. Hors une telle utilisation entraînerait une sélection des espèces bactériennes en présence et, petit à petit, l'antibiotique deviendrait inefficace. C'est pourquoi les antibiotiques ne sont préconisés que dans le traitement des parodontites les plus agressives en adjonction au traitement professionnel.

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Les antiseptiques, quant à eux, peuvent être administrés de différentes façons : dentifrice, vernis dentaire, spray, gel dentaire ou encore au sein d'un bain de bouche. C'est ce dernier vecteur qui est le plus souvent proposé en raison d'une facilité d'utilisation et d'une efficacité supérieures. La molécule antiseptique qui fait référence est la chlorhexidine. À des concentrations de 0,2% ou 0,12%, elle permet la destruction des bactéries et les empêche d'adhérer aux surfaces dentaires et muqueuses pendant 8 heures. Les concentrations inférieures ne permettent pas la destruction des bactéries, mais limitent leur adhésion aux surfaces dentaires et muqueuses. Malheureusement, ils peuvent entraîner des effets indésirables réversibles tels que colorations brunâtres sur les dents, coloration noire de la langue, perturbation du goût et, plus rarement, des ulcérations des muqueuses (comme des aphtes). Dès lors, les bains de bouche à la chlorhexidine sont très utilisés après les chirurgies dentaires ou parodontales pour compenser l'absence de brossage et, en raison de leurs effets indésirables, ils ne sont proposés durant la phase étiologique qu'en présence de parodontites très agressives. 

 

Moyens professionnels

La première phase du traitement parodontal - © Copyright ParoSphère

Lorsque l’hygiène orale est maîtrisée, les moyens professionnels peuvent être mis en œuvre. Il s’agit d’assainir les surfaces dentaires en éliminant les dépôts de plaque dentaire et le tartre au-dessus et en-dessous du rebord de la gencive. Le plus souvent, ce traitement est réalisé avec des instruments vibrant à une fréquence importante (ultrason). Des curettes de détartrage et de surfaçage radiculaire peuvent également être utilisées. Certains praticiens ont recours à des instruments laser qui ne se révèlent pas plus efficaces que l’instrumentation conventionnelle aux ultrasons et curettes manuelles.

Cet assainissement parodontal peut être réalisé en une ou plusieurs séances, avec ou sans anesthésie locale, selon la sévérité de la parodontite et la sensibilité du patient.

 

Gestion des facteurs de risque

La première phase du traitement parodontal - © Copyright ParoSphère

Ne traiter que l’aspect bactérien de la parodontite peut ne pas être suffisant. Et il est souvent utile de limiter les effets délétères d’un certain nombre de facteurs de risque pour faciliter la stabilisation de la destruction parodontale. Pour exemple, le tabagisme diminue de 25 à 50% le résultat que l’on pourrait attendre du traitement parodontal. Selon les études, le tabagisme augmente de 2 à 8 le risque de développer une parodontite ; le diabète non équilibré augmente ce risque de 3 à 11 ; la consommation de cannabis à raison de 40 joints par an multiplie par 3 le risque de progression significative de la destruction parodontale ; la consommation régulière de 5 verres d’alcool par semaine ou encore l’obésité augmente significativement ce risque de destruction.


Il est donc particulièrement important, pour optimiser et pérenniser la prise en charge parodontale, de s’attacher à limiter la consommation de tabac, de cannabis ou d’alcool, d’équilibrer un diabète qui ne l’est pas encore, d’apprendre à gérer son stress ou à limiter les situations susceptibles d’en provoquer et, de façon plus générale, de prendre en compte l’ensemble des facteurs qui peuvent avoir une influence sur la qualité de la réaction inflammatoire et l’efficacité du système immunitaire. 

 

Références bibliographiques

Général

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Étiologie

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Traitement parodontal

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Facteurs de risque

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